Graines biologiques de Côte de Blette de Genève

(Beta vulgaris L. var. flavescens)

La Côte de Blette de Genève est une variété ancienne suisse, spécialité du canton de Genève. Réputée pour sa résistance à la montaison^? (elle ne monte pas prématurément en graines), elle offre une période de récolte particulièrement longue, de l’été jusqu’au printemps suivant. La saveur des cardes est douce, délicate, sans amertume. La Côte de Blette de Genève est rustique et tolère bien les gelées modérées (jusqu’à environ -5°C à -8°C) ; elle peut hiverner en pleine terre et repartir au printemps pour produire jusqu’en avril-mai.

La Côte de Blette de Genève (Beta vulgaris var. flavescens) appartient à la famille des Amaranthacées (anciennement Chénopodiacées). Cette variété est originaire du canton de Genève, Suisse, où elle a été sélectionnée et cultivée depuis des générations par les maraîchers locaux. Le canton de Genève, situé à l’extrême sud-ouest de la Suisse, au bord du lac Léman. La région de Plainpalais (ancienne plaine marécageuse au sud de Genève, asséchée et cultivée dès le 17e siècle) est historiquement le berceau du maraîchage genevois. Les sols y sont riches, profonds, alluviaux (nourris par les alluvions du Rhône et de l’Arve), ce qui a favorisé le développement de nombreuses variétés maraîchères locales adaptées.

Comment cultiver la côte de blette

Comment et quand semer :
La Côte de Blette de Genève se sème d’avril à juillet pour une récolte étalée de l’été jusqu’au printemps suivant.

• Semis en place : Semer directement en pleine terre dès que le sol s’est réchauffé (mi-avril à mai). Semer en poquets (groupes de 2-3 graines) espacés de 40 cm sur la ligne. Recouvrir légèrement de terre fine et tasser. Arroser en pluie fine.

• Semis en pépinière : Il est aussi possible de semer en godets ou caissettes sous abri ou derrière les carreaux. La germination se produit entre 15 et 18°C, idéalement autour de 18-20°C. Comptez 6 à 14 jours pour voir apparaître les premières plantules.

• Éclaircissage : Les graines sont des glomérules^? (amas de graines). En germant, chaque glomérule fait germer plusieurs graines donc pour une "graine" vous aurez plusieurs plantules. Une fois que les plantules ont 2-3 vraies feuilles, éclaircir en ne gardant que le plant le plus vigoureux par poquet. Éliminer les autres en les coupant à la base (ne pas arracher pour ne pas perturber les racines du plant conservé).

• Type de sol : La Côte de Blette de Genève apprécie les sols profonds, riches, frais, humides et bien drainés. Un sol argileux convient bien, à condition qu’il ne soit pas trop compact. Avant la plantation, incorporer généreusement du compost bien décomposé ou du fumier bien mûr. Les blettes sont gourmandes et apprécient un sol bien nourri. Attention : ne pas amender avec du fumier frais juste avant la plantation, car cela peut provoquer la montaison précoce.

• Exposition : Plein soleil à mi-ombre. La blette tolère une légère ombre, ce qui en fait un légume intéressant pour les coins moins ensoleillés du jardin.

• Entretien de la culture : La blette est une plante peu exigeante une fois installée, mais arroser régulièrement, surtout en période de sécheresse. La blette apprécie un sol constamment frais (mais pas gorgé d’eau). Un manque d’eau provoque un durcissement des cardes et une montée précoce en graines. Un bon gros paillage aide à maintenir la fraîcheur et l’humidité du sol. Vous pouvez arroser pendant les mois de croissance (printemps été) avec du purin^? d’ortie, car cette plante gourmande apprécie les apports en azote.

• Hivernage : Pour la culture d’hiver en pleine terre (régions au climat doux), pailler généreusement autour des pieds en automne (10-15 cm de paille ou feuilles mortes) pour protéger les racines du gel. Dans les régions plus froides, cultiver sous serre non chauffée ou châssis pour une récolte hivernale.

L’histoire de cette variété suisse

L’histoire maraîchère de Genève prend un tournant décisif au 17e siècle, avec l’arrivée des réfugiés huguenots fuyant les guerres de religion en France. Après la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, des milliers de protestants français se réfugient à Genève, emportant avec eux leurs semences et leurs savoir-faire agricoles.

On installe les réfugiés hors les murs de la ville, sur la plaine de Plainpalais, zone marécageuse asséchée au sud de Genève. Cette plaine s’avère très propice à la culture maraîchère, grâce à des sols riches nourris par les alluvions du Rhône et de l’Arve. Les Huguenots introduisent à Genève des légumes jusqu’alors inconnus ou peu cultivés : cardon, artichaut, côte de blette, poireau, laitues variées...

À force de sélections paysannes sur plusieurs générations, les plantes introduites à Genève se sont adaptées à leur nouveau milieu pour devenir des variétés à part entière : Cardon Épineux Argenté de Plainpalais, Artichaut Violet de Plainpalais, Côte de Blette de Genève, Laitue Brune de Genève, Chou à Pied Court de Plainpalais...

Après la Seconde Guerre mondiale, le rendement devient le principal critère dans l’agriculture. Les variétés locales genevoises, moins productives que les hybrides modernes, sont progressivement délaissées au profit de variétés commerciales plus adaptées à une production et une distribution à grande échelle.

Dans les années 1980-1990, la prise de conscience de l’érosion de la biodiversité cultivée conduit à la création de programmes de sauvegarde. En 1982, la fondation ProSpecieRara est créée en Suisse pour la préservation de la diversité patrimoniale et génétique des végétaux et animaux.

Depuis 1980, une collection de bettes à côtes est réunie à la Station d’Agroscope de Changins (canton de Vaud), puis transférée aux Conservatoire et Jardin botaniques de Genève en partenariat avec ProSpecieRara Suisse Romande. Chaque population est cultivée, décrite, multipliée et conservée en banque de semences.

Aujourd’hui, la Côte de Blette de Genève (aussi appelée "Verte Lisse de Genève" ou "Verte Lisse d’Hiver") est conservée et multipliée par ProSpecieRara et quelques maraîchers passionnés du canton. Elle fait partie d’une stratégie genevoise de conservation des variétés anciennes, mise en œuvre dans le cadre de la Stratégie Biodiversité Genève 2030.

Origine étymologique

• Blette / Bette : Du latin beta, désignant la blette cultivée. Le mot latin proviendrait du grec bēta (β), la lettre grecque, en référence à la forme de la tige inclinée de la plante chargée de graines (selon certaines sources). Cependant, d’autres étymologistes suggèrent une origine celtique : blet signifierait "rouge" en langue celtique, en référence aux variétés à cardes rouges.

Le terme "blette" (avec deux "t") est attesté en français depuis le 16e siècle. Les formes blète, blite, bled existent aussi dans les dialectes régionaux (surtout dans l’est de la France, le franco-provençal et l’occitan).

• Poirée : Autre nom courant de la blette, du latin porrum ("poireau"), par altération. Le lien avec le poireau est obscur, peut-être dû à la ressemblance des feuilles larges ou à une confusion ancienne.

• Beta : Nom latin de la plante, utilisé par Pline l’Ancien et d’autres auteurs romains. Possiblement du grec bēta (lettre β), ou du celtique blet ("rouge").

• Vulgaris : Épithète spécifique latin signifiant "commun, ordinaire, vulgaire" (au sens de "répandu", pas péjoratif). Fait référence à la grande diffusion de cette espèce.

• Flavescens : Épithète de variété latin signifiant "jaunissant, devenant jaune", en référence aux cardes blanches tirant parfois légèrement sur le jaune pâle.