L’ashwagandha est un petit arbrisseau de 40 à 80 cm de haut, aux feuilles ovales légèrement duveteuses, aux petites fleurs blanches et aux baies rouge orangé. Également connue sous le nom de ginseng indien ou cerise d’hiver, cette plante est principalement cultivée en Inde, notamment dans le Madhya Pradesh, mais on la trouve aussi à l’état sauvage au Pakistan, au Sri Lanka et dans certaines zones arides du Moyen-Orient.
Comment cultiver l’ashwagandha
- Comment et quand semer l’ashwagandha : Si vous savez semer des poivrons, vous savez semer de l’ashwagandha ! En février-mars, sous serre ou derrière une fenêtre ensoleillée, semez les graines d’ashwagandha en caissettes. Gardez vos semis au chaud (entre 20 et 25°C) : la germination se fait en une dizaine de jours, mais si la température est plus basse, cela peut prendre jusqu’à quatre semaines. Il est important de ne pas enterrer les graines trop profondément, car elles ont besoin de lumière pour germer.
- Comment repiquer l’ashwagandha : Une fois les semis levés, repiquez-les en godets individuels et laissez-les pousser sous serre ou près d’une fenêtre lumineuse (ils ont besoin de beaucoup de lumière). Attendez que les plants soient bien robustes et que tout risque de gel soit écarté avant de les planter au jardin. À la mise en terre, un bon arrosage est toujours bienvenu.
- Type de sol et exposition : L’ashwagandha apprécie un sol léger et bien drainé, de préférence sableux. Un peu de compost mûr au moment de la plantation lui sera bénéfique. Dans les sols lourds, n’hésitez pas à ajouter du sable pour améliorer le drainage. Il aime les sols secs et les expositions en plein soleil, et supporte très bien la chaleur.
- Entretien : Un petit paillage aide à garder le sol frais, mais attention aux excès d’eau, que la plante n’apprécie pas. Espacez les plants de 30 à 50 cm pour qu’ils puissent bien se développer.
- Récolte : Pour les usages médicinaux, ce sont les racines qui sont récoltées. Attendez la fin de saison, à l’automne, lorsque les feuilles jaunissent. Coupez les tiges au ras du sol et déracinez délicatement avec une fourche-bêche, sans casser les racines. Rincez-les ensuite à l’eau claire, brossez-les doucement pour retirer la terre, puis faites-les sécher dans un endroit sec, chaud et ventilé, à l’abri du soleil direct. Le séchage peut durer plusieurs semaines selon la taille des racines. Une fois bien sèches, elles peuvent être broyées en poudre pour un usage médicinal.
L’ashwagandha, une plante médicinale utilisée depuis des millénaires
- Dans la médecine ayurvédique depuis plus de 3000 ans :
L’ashwagandha (Withania somnifera) est citée dans les grands traités de médecine ayurvédique, rédigés entre le Ier millénaire av. J.-C. et le début de l’ère chrétienne. Considérée comme une plante rasāyana (rajeunissante) et balya (tonique fortifiant), elle est reconnue pour renforcer la vitalité, apaiser le mental et stimuler la fertilité.
La Charaka Saṃhitā la mentionne contre l’épuisement et la dépression, la Sushruta Saṃhitā la décrit comme cicatrisante et régénérante, et l’Astanga Hridaya souligne ses effets sur le système nerveux et immunitaire.
Au XVIᵉ siècle, le Bhava Prakasha Nighantu la classe parmi les plantes favorisant la longévité, réduisant l’inflammation et renforçant la fertilité.
Traditionnellement, elle était consommée sous forme de poudre mélangée à du ghee (beurre clarifié) ou du miel.
- Dans le monde gréco-romain :
Dès le Ier siècle av. J.-C., l’ashwagandha aurait voyagé vers la Méditerranée par les routes commerciales indo-arabes. Des auteurs comme Dioscoride et Galen auraient mentionné une plante proche dans leurs écrits médicaux, utilisée comme sédatif naturel et tonique général, comparable au « ginseng oriental ».
- Dans le monde arabo-persan :
Sous les Abbassides (VIIIᵉ–XIIIᵉ siècle), la pharmacopée arabe la connaissait sous le nom de waraqat ash-shifā’ (« feuille de guérison »). On l’utilisait pour soigner les inflammations, les maladies de peau et les troubles nerveux, souvent associée à la myrrhe ou au sésame.
- Sur le continent africain :
Selon une étude ethnobotanique moderne (Afewerky et al., 2021), son usage s’est étendu très tôt à l’Afrique :
• En Éthiopie, elle servait à traiter la toux, l’asthme, l’épilepsie et les infections cutanées.
• Au Cap-Vert, on préparait les feuilles en décoction purifiante et diurétique, tandis que les racines entraient dans des remèdes contre les maladies vénériennes.
L’ ashwagandha comme colorants naturels
- Des pigments aux teintes chaudes : Les baies rouges de l’ashwagandha, semblables à de petites tomates cerises, renferment des pigments naturels (caroténoïdes et flavonoïdes) capables de colorer les fibres végétales comme le coton, le lin ou la soie, en nuances allant du rouge au orangé.
- Usages traditionnels en Inde : Dans l’Inde ancienne, les baies étaient écrasées et mélangées à des liants naturels ou le jus de citron pour teindre les vêtements rituels et les étoffes sacrées.
Dans certaines régions du Deccan et du Rajasthan, la pulpe rouge servait également à orner la peau lors de cérémonies religieuses ou de rites de fertilité, à la manière du kumkum (poudre rituelle à base de curcuma et de safran).
- Autres utilisations : Les résidus séchés des baies entraient dans la fabrication de peintures naturelles, utilisées pour décorer les poteries et les symboles muraux des habitations.
L’ashwagandha, une plante pour soigner les plantes
- Propriétés insectifuges et biopesticides : Des recherches menées à l’Université d’Allahabad ont montré que les extraits de graines et de racines de Withania somnifera agissent comme régulateurs de croissance des insectes, perturbant la mue et la métamorphose de ravageurs tels que la chenille du ricin. Les withanolides, stéroïdes naturels contenus dans la plante, provoquent retards de développement et anomalies morphologiques, agissant comme de véritables insecticides naturels.
- Usages traditionnels : En Inde et en Afrique, les paysans brûlaient les feuilles sèches pour repousser moustiques et mites, et suspendaient des sachets de racines broyées dans les greniers pour protéger les récoltes des charançons.
- Un intérêt actuel : Aujourd’hui, l’ashwagandha suscite un réel intérêt en agriculture biologique, comme biopesticide écologique et solution naturelle pour limiter l’usage de produits chimiques.
Le purin? d’ashwagandha
L’utilisation de l’ashwagandha (Withania somnifera) en purin ou en extrait fermenté est récente, mais les recherches agronomiques montrent des résultats très encourageants. Des essais menés à la Kerala Agricultural University (Inde, 2023–2024) ont révélé que ces extraits fermentés, seuls ou mélangés à du compost, stimulent la croissance, renforcent les racines et améliorent la résistance à la sécheresse et à la chaleur.
- Des effets comparables aux purins classiques :
Riches en withanolides, flavonoïdes et enzymes naturelles, ces préparations agissent comme de véritables biostimulants. Elles favorisent la disponibilité des minéraux, stimulent la vie microbienne du sol et offrent un effet antifongique et insectifuge.
- Préparation expérimentale :
Le purin se prépare à partir de racines broyées, d’un peu de sucre brut et d’une fermentation naturelle de 7 à 15 jours entre 25 et 30°C, avant filtration et dilution.
- Usages au jardin ou en agriculture bio :
• En pulvérisation foliaire : renforce les plantes et protège contre les champignons.
• En arrosage au sol : stimule la vie microbienne et la vigueur racinaire.
• En traitement après stress : aide la plante à se régénérer, avec jusqu’à 30 % de gain de productivité observé sur certaines cultures.
- Un potentiel à explorer :
Encore peu connu, le purin d’ashwagandha s’impose comme une nouvelle piste en agroécologie, à la fois fertilisant, fortifiant et bio-insectifuge naturel.
Ethymologie
Le nom sanskrit Aśvagandhā (अश्वगन्धा), translittéré ashwagandha, provient de la combinaison de deux mots : aśva (cheval) et gandha (odeur).
Cette appellation signifie littéralement « odeur du cheval », en référence à l’arôme puissant de sa racine fraîche et à la vigueur, l’endurance et la force qu’elle est censée transmettre à celui qui la consomme. Dans la symbolique ayurvédique antique, le cheval est associé à l’énergie vitale (prāṇa) et à la virilité, qualités attribuées à cette plante tonifiante et rajeunissante.
Son nom scientifique, Withania somnifera, tire ses origines du latin :
- Withania rend hommage au naturaliste anglais William Withering (1741–1799), pionnier de la botanique médicale.
- somnifera , composé de somnus (sommeil) et ferre (porter, produire), signifie « qui favorise le sommeil », rappelant ses vertus apaisantes et sédatives.