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Prendre soin des sols

Et si nos pratiques de jardinage s’inspirent de nos connaissances, des techniques et des gestes qui peuvent être hérités de nos anciens ou des manuels ! Parfois ce sont des gestes bienveillants, car ce que nous voulons c’est faire au mieux. Mais parfois certains gestes sont maladroits, il était et il est encore des pratiques qui vont à l’encontre de la "nature".

Prendre soin du sol ?

De la terre "vivante"

Faire un jardin c’est passer du temps à prendre soin. C’est un lieu de repos et de détente ! C’est un lieu où le temps passé nous est rendu en gratitude ! Car une carotte qui vient du jardin possède un goût unique ! Le goût de la patience, le goût de votre travail et de votre désir ! Et aussi celui de l’alchimie hasardeuse !

Le plaisir que connaît le jardinier, est le résultat de sa curiosité, de ses pratiques, de ses déceptions, des visites quotidiennes mais aussi du soleil, des insectes, de la pluie et du sol !

Et si nos pratiques de jardinage s’inspirent de nos connaissances, des techniques et des gestes qui peuvent être hérités de nos anciens ou des manuels ! Parfois ce sont des gestes bienveillants, car ce que nous voulons c’est faire au mieux. Mais parfois certains gestes sont maladroits, il était et il est encore des pratiques qui vont à l’encontre de la "nature".

Le labour par exemple est une technique qui perturbe fortement la vie des sols.

Mais pour changer ses pratiques il est important de comprendre LE fonctionnement des plantes !

Comment fonctionne une plante :

En général une plante pour se développer à besoin de nutriments, d’un substrat et de soleil !

Ca c’est une vision simpliste, aujourd’hui nous disposons de connaissances bien plus poussées sur le sujet :

Nous savons que les plantes ne vivent pas seules, elle évoluent en symbiose avec les champignons qui vivent dans les sols. Ce processus est appelé la mycorhize.

Les mycorhizes

Une poignée de terre mycorhisée

La mycorhize est une symbiose mutualiste entre les champignons et les plantes. Les champignons colonisent les racines des plantes et forment des structures appelées hyphae qui pénètrent dans les cellules de la racine. Les hyphae des champignons augmentent la surface de la racine, ce qui permet une absorption accrue de l’eau et des éléments nutritifs. En échange, les plantes fournissent aux champignons des sucres produits par la photosynthèse.

Mais ce n’est pas tout ! Ces champignons mycorhiziens apportent aux plantes une protection contre les agents pathogènes et pas essentiellement contre les infections sur les racines, mais sur l’ensemble de la plante.

Une coupe de terre avec la vue sur une belle mycorhise de pin

Il existe un véritable échange bénéfique pour les plantes, nous comprenons ici que les défenses immunitaires des plantes sont intimement liées au fait qu’elle vivent en symbiose avec les champignons du sol.

Pour revenir au potager, une courgette qui pousse en symbiose avec des mycorhizes est bien plus résistante à l’oïdium.

En comprenant ce phénomène, en bons jardiniers, nous avons dorénavant envie d’accueillir ces fameux champignons dans nos jardins !

Quelles pratiques pour accueillir les mycorhizes au potager

Pour accueillir ces champignons il va falloir mettre de coté pas mal de gestes !
Tout d’abord il faut bannir tout intrant chimique, que ce soit des engrais ou des pesticides, et particulièrement les antifongiques.
Des champignons, nous connaissons surtout leur système reproducteur (le champignon que l’on récolte en automne, comme les chanterelles, les cèpes !) mais les champignons sont des organismes qui ressemblent plutôt à des toiles d’araignées, ou des filaments. Il sont parfois immenses mais surtout invisibles, car il sont sous terre et sont très fragiles. Donc il est important de ne pas abîmer leur habitat.
Il va falloir imiter un sol forestier, il faut absolument que les sols soient toujours couverts, par des feuilles, de la paille*, du foin, du BRF, etc.
Il faut amender ses sols par le dessus, comme dans la nature ! Et oui, dans la nature les vaches ne posent pas de bouses sous terre !
Là, ça commence à bouleverser beaucoup de veilles habitudes !

Le fraisier préfère les poireaux ! Il préfère surtout le paillage !

Comment ça ? Ca veux dire que je n’incorpore pas mon fumier ? Mais comment mes pieds de tomates vont pouvoir se nourrir de fumier ?

(*La paille doit absolument venir de cultures qui ne reçoivent pas de traitements, car en culture raisonné et conventionnelle les blés reçoivent souvent une multitude de produits chimiques et particulièrement des "raccourcisseurs de tiges" qui sont vraiment des sales trucs qui se retrouvent dans les pailles et inhibent la croissance des plantes)

Comment fonctionnent les sols

Maintenant que nous avons survolé l’histoire des mycorhizes il faut comprendre leur environnement.
Dans les sols il y a plein de petites bestioles ! Des vers de terres, des champignons, des collemboles et des bactéries qui constituent un écosystème complexe.
Dans cet écosystème les bactéries jouent un rôle important, celui de décomposer la matière organique.
(la bouse de vache, les feuilles mortes, etc..) Une fois décomposée, la matière organique deviendra élément nutritif pour les plantes, les champignons et autres êtres vivants du sol.

un joli couvert forestier

Il existe une multitude de bactéries dans le sol, mais nous allons les décomposer en deux catégories :

  • Les bactéries aerobies
  • Les bactéries anaérobies

Les bactéries aérobies sont des micro-organismes qui ont des besoins différents en matière d’oxygène pour leur croissance et leur métabolisme.

  • Les bactéries aérobies nécessitent de l’oxygène pour vivre et pour jouer leur rôle dans cet écosystème. En gros, ce sont elles qui décomposent les végétaux en premier lieu et elle vivent dans les premiers centimètres du sol.
  • Les bactéries anaérobies, quant à elles, vivent à l’abri de l’oxygène et utilisent des composés tels que le dioxyde de carbone, le fer ou l’acétate pour se développer et décomposer les matières organiques. Ces bactéries sont responsables de la production d’acides organiques et de minéraux tels que le fer et le manganèse. Ces bactéries là, vivent en profondeur et sont détruites au contact de l’air.

On comprend alors qu’un sol est un écosystème avec ses règles :
Les matières organiques non décomposées se trouvent d’abord en surfaces, puis elles sont décomposées par une multitudes de petites bêtes et par les bactéries aérobies. A ce stade les vers-de-terre et leurs copains vont les descendre à l’étage inférieurs et plus en profondeur. Les bactéries anaérobies vont encore transformer ces éléments qui seront remontés par les vers-de-terre. Tout ce micmac rend disponible des nutriments pour les champignons et les plantes. Il s’agit du complexe argilo-humique

Le complexe argilo-humique est un joyeux mélange de matière organique décomposée ,de minéraux, d’argile et de plein de bonnes choses ! Il joue un rôle important dans la rétention de l’eau et la stabilité des sols, ainsi que dans la fourniture de nutriments et de minéraux pour les plantes et les champignons. C’est le Graal du jardinier !

Comment mettre tout ça en pratique ?

  • Ne plus retourner les sols, la pratique du labour enfouit les bactéries aérobies en profondeur et mets les bactéries anaérobies en contact avec l’oxygène. Bien qu’il s’agisse d’une méthode ancestrale et populaire, cette technique est à bannir.
  • Couvrir les sols à toutes les saisons ! Et avec tout ce qui vous passe par la main, les déchets vert, du vieux foin, des fougères, de la paille bien sûr mais aussi les plantes que vous avez arrachées au désherbage, les feuilles d’arbres, etc.
    Plus votre paillage est varié mieux c’est pour votre sol !
  • Ne pas traiter les plantes avec des produits chimiques : effectivement si vous traitez vos plantes contre les champignons, vous risquez de tuer tout les champignons mêmes les" bons", ce qui va rendre vos plantes plus sensibles aux maladies
  • Les purins de plantes, sont des stimulants efficaces. S’ils sont répandus sur le sol, il vont booster la vie microbienne (attention aux purins? de certaines plantes, l’ail par exemple contient beaucoup de souffre ce qui n’est pas bon pour les champignons).
  • Amender par le dessus : il est préférable de mettre du fumier en surface et de le recouvrir de paillage, ce dernier sera intégré au sol plus lentement mais de façon beaucoup plus efficace.
  • Préférer mettre des éléments organiques non compostés sur le sol directement. Ca aussi ça parait étrange mais composter ses déchets vert ne sert qu’à fabriquer du sol dans un bac pour répandre ce sol sur votre sol ! Il vaudrait mieux penser son jardin comme un compost à ciel ouvert !
  • Ne pas piétiner ses plates-bandes, en essayant de conserver un sol meuble.
  • Le BRF est une méthode que nous n’avons pas expérimentée mais qui semble vraiment bien !
Des feuilles pour pailler le jardin

Nous vulgarisons ce sujet mais il est bien plus complexe. Nous aurions pu aller bien plus loin, mais ici nous exposons seulement ce que nous avons compris.
Nous ne sommes ni biologistes, ni scientifiques. Et il existe une multitude d’ouvrages qui traitent ce sujet et qui sont bien plus complets que ce petit article !

Mais jardiner en considérant le sol comme un monde vivant est passionnant ! Changer ses croyances est compliqué mais se libérer des corvées de labour, des machines et de la chimie permet d’avoir de beaux jardins avec des plantes en bonne santé ! Ne plus lutter contre... mais jardiner en harmonie !

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