L’épinard-fraise est un légume original et surprenant ! Ses feuilles se consomment comme celles de l’épinard ou de l’arroche, mais il produit surtout de petits fruits rouges rappelant la mûre, au goût sucré et agréable... qui n’ont pas vraiment le gout de fraise :)
C’est une plante facile à cultiver, idéale pour apporter une touche de curiosité au potager, et qui fera le plaisir des marmots de passage dans le jardin.
Description
L’épinard-fraise (Blitum capitatum) est une plante annuelle de la famille des Amaranthacées, originaire d’Amérique du Nord. Au fil du temps, elle s’est naturalisée sur d’autres continents.
Dans son milieu naturel, on la retrouve sur les friches, jachères, gravières, bords de route, mais aussi dans les bois clairs et les prairies, où elle apprécie les sols riches en nutriments et bien drainés.
Ses feuilles, proches de celles de l’épinard ou du chénopode, se consomment jeunes. En été, la plante se couvre de fruits charnus rouge vif, formés en glomérules? le long de la tige. Ces petits fruits, très décoratifs, apparaissent d’août à octobre et ont un goût doux rappelant pour certains celui de la betterave sucrée.
Comment cultiver l’épinard-fraise
- Comment et quand semer l’épinard-fraise : L’épinard-fraise se sème directement en pleine terre d’avril à mai, puis en août-septembre pour les récoltes d’automne. On peut aussi le semer sous serre ou derrière une fenêtre en godets dès mars, mais il faut être très délicat au moment du repiquage, car cette plante n’aime pas être déplacée : ses racines sont fragiles. La levée intervient entre une semaine et quinze jours selon la météo. On dit qu’il lui faut environ 15- 20 °C pour germer.
- Culture de l’épinard-fraise : Une fois les graines germées, il faut éclaircir les plants pour qu’ils puissent bien se développer, en laissant 20 à 30 cm entre chaque pied. Maintenez une bonne humidité du sol, et pensez à pailler généreusement pour garder la fraîcheur.
- Type de sol et exposition : L’épinard-fraise aime les sols riches en matière organique, frais et bien drainés. Un bon amendement avant le semis est recommandé : utilisez un compost bien mûr ou du fumier de l’année précédente. Vous pouvez être généreux, c’est une plante gourmande ! Côté exposition, un emplacement en plein soleil lui convient bien, mais dans les régions très chaudes, préférez une mi-ombre légère pour éviter le dessèchement.
- Remarque : Chez nous, dans les Cévennes, les étés sont rudes : les plantes ne sont pas devenu très grande, elles ont terminées leurs cycles en milieu d’été. Mais on à observé des semis spontanés à la fin de l’été, qui ont donné des plants plus vigoureux. Il semble donc possible d’avoir deux cycles de culture dans la même saison : un au printemps et un à l’automne.
Une petite histoire de l’épinard-fraise
L’épinard-fraise a été introduit en Europe vers les années 1600. Le mode d’introduction reste incertain, mais il est probable que les graines aient été transportées accidentellement, mélangées à des semences pour oiseaux ou à des balles de laine exportées depuis l’Amérique du Nord.
On décrit l’épinard-fraise comme une plante ancienne et rare, cultivée depuis plus de 400 ans et redécouverte dans d’anciens monastères allemands, où elle est aujourd’hui couramment cultivée. Cela laisse penser qu’elle a été entretenue dans les jardins monastiques européens pendant plusieurs siècles, autant pour sa valeur ornementale que pour son intérêt alimentaire.
Après son introduction au XVIIᵉ siècle, la plante s’est progressivement répandue en Europe, puis en Asie et en Nouvelle-Zélande, où on la trouve aussi bien à l’état spontané qu’en culture.
Un témoignage intéressant de sa présence historique figure dans le catalogue français de semences Les Plantes potagères publié par Vilmorin-Andrieux & Cie en 1883. On y lit : « L’épinard-fraise est quelquefois cultivé, mais plutôt à titre de curiosité que pour l’usage culinaire que l’on en peut faire. » Cette mention montre que, malgré sa longue histoire en Europe, l’épinard-fraise était considéré au XIXᵉ siècle davantage comme une curiosité botanique que comme un légume de consommation courante.
Les usages de cette plante
- Des usages comme teinture naturelle En Amérique du Nord, bien avant l’arrivée des Européens, les peuples autochtones utilisaient déjà la plante, notamment pour ses fruits rouges riches en pigments naturels (les bétaïnes). Ces pigments servaient à produire des teintures naturelles : les baies écrasées donnaient un rouge vif qui s’assombrissait avec le temps jusqu’à devenir pourpre ou acajou. Ce jus coloré était utilisé pour teindre les vêtements et les peaux, orner la poterie, colorer les piquants de porc-épic ou encore tracer des symboles sur la peau à des fins tribales ou cérémonielles. Ces usages ont donné à la plante ses surnoms d’« Indian Ink » et d’« Indian Paint ». Les feuilles et racines pouvaient aussi fournir des teintes dorées ou verdâtres. En Alaska, les peuples autochtones se servaient des fruits pour teindre les tissus et la peau, et certaines communautés Cree au Canada les utilisaient même comme colorant pour les lèvres, à la manière d’un rouge à lèvres naturel.
Les graines, bien que minuscules, étaient également exploitées : elles pouvaient être moulues et mélangées à d’autres farines pour faire du pain, une pratique remontant aux tribus du Nevada et de l’Utah.
En Europe, la plante a trouvé d’autres usages. Au XIXᵉ siècle, les fruits de l’épinard-fraise étaient utilisés en Grande-Bretagne pour colorer et parfumer les puddings, comme en témoigne un document daté de 1892. En Normandie et en Picardie, on l’appelait « blette en tête », et les fruits étaient préparés en coulis pour accompagner le gibier. L’horticulteur normand Victor Pâquet (1812-1849) mentionne d’ailleurs qu’elle était « cultivée dans deux ou trois jardins de l’Ouest pour l’usage de ses petits fruits rouges dans les sauces ».
Cette culture, bien que présente au XIXᵉ siècle, restait confidentielle. En 1846, un traité horticole la cite encore comme une curiosité, notant que la plante n’était cultivée que dans quelques jardins de l’Ouest, preuve que, même à son apogée en Europe, l’épinard-fraise demeurait un légume rare.
Origine du nom savant : Chenopodium capitatum / Blitum capitatum
- Chenopodium vient du grec khên (χήν), qui signifie « oie », et pódion (πόδιον), « petit pied » — littéralement « pied d’oie ». Ce nom fait référence à la forme des feuilles, larges et lobées, qui rappellent l’empreinte d’une patte d’oie.
- Blitum est un ancien nom latin déjà utilisé par Pline l’Ancien pour désigner certaines plantes potagères proches de l’arroche (Atriplex). Les botanistes l’ont ensuite repris pour regrouper plusieurs espèces autrefois classées dans le genre Chenopodium.
- capitatum vient du latin capitatus, dérivé de caput (« tête »), en référence aux fleurs rassemblées en glomérules arrondis qui forment comme de petites « têtes » le long de la tige.






